Le centenaire de la « Voie Sacrée »

Le 21 février 1916 à 7 h 15, un bombardement d'une rare violence s'abat sur les lignes françaises, la bataille de Verdun vient de commencer, elle durera dix mois.

La communication avec Verdun ne dépend que d'une seule route venant de Bar-le-Duc et d'un chemin de fer à voie étroite, le Meusien.



Cela va nécessiter l'organisation d'une voie de communication sans précédent dans l'histoire du transport automobile,
qu'on nommera « la Voie sacrée ».



La route, à double sens et de 7 mètres de large, est en matériaux tendres et les premiers mois voient le neige, le dégel et la pluie.

La réfection de la chaussée s'opère sans interruption de la circulation de jour comme de nuit, des milliers d'hommes jettent sur la route les matériaux en provenance de carrières ouvertes à proximité, le flot incessant de camion remplace les rouleaux compresseurs.



En mars 1916, il sera compté jusqu'à 6000 camions par 24 heures, soit une moyenne d'un camion toutes les 14 secondes.

Les convois hippomobiles et à pieds sont interdits; tout véhicule en panne qui ne peut pas être remorqué est jeté au fossé.

On a pu dire à cette occasion que « C'est la route qui mène la bataille »

Dés le 6 mars, on peut lire dans le Times « l’efficacité française n’est nulle part mieux illustrée ».

La " NORIA" et l'entretien de la voie:

Entre Bar-le-Duc et Verdun un grand nombre de carrières de pierre tendre du pays furent ouvertes, des équipes les exploitèrent aussitôt.
D'autres équipes, réparties dans les six cantons, jetaient inlassablement sur la chaussée les matériaux arrivant des carrières, la file de camions faisait office de rouleaux compresseurs.

De jour:



comme de nuit:



Les renforts, la relève, les munitions, le ravitaillement, les évacuations sanitaires passeront sur cette voie entretenue  par un contingent de civils, de territoriaux et de travailleurs étrangers chinois et africains.

Soit 8200 hommes qui seront affectés à l'entretien de la route et à l'extraction des carrières. Ils jetteront entre 700 000 et 900 000 tonnes de pierres sur la route.



Plusieurs escadrilles de chasseurs de l'aviation française, étaient chargées de la protection contre les attaques aériennes.

Je possède un document intéressant:



On y voit un camion accidenté les 4 pneus en l'air sur la « Voie sacrée »

Cette carte, éditée en 1917, a été envoyée le 11 novembre 1917 par un soldat qui l'a annotée de sa main :

« …Plusieurs fois j'ai passé la nuit à cette crois [sic]... »



Sur la « Voie sacrée » il nous indique la direction de Bar-le-Duc, de Verdun, de Clermont en Argonne et de la « Cote 304 »

Cela se passe à "Moulin Brûlé":



Quand je parle des "4 pneus en l'air" , le terme le plus approprié aurait été les "4 bandages pleins en l'air"



Car pendant la guerre 14-18 la société Bergougnan a été le fournisseur exclusif de l’armée pour les bandages pleins qui équipaient les véhicules lourds.



Sur un camion de 3T l'existence des bandages pleins est brève : 8 à 10000 Km à l'avant et 6 à 8000 Km à l'arrière.

Superbe reportage et documentations sur cette " voie sacrée " que je ne connaissais pas.
Merci Denis.
Pascalou.

+1 avec Pascalou.. Cet article est un honneur pour notre forum...
On se rend compte que la guerre amenait les hommes à se surpasser..
Sans doute plus qu'en temps de paix car quel autre événement aurait pu justifier ce mouvement routier ininterrompu..?

Hélas, c'est toujours dans les cas de crises que la solidarité et le sens du devoir surgissent !

Les plus grands progrès techniques sont souvent liés à le guerre, l'atome par exemple, la chirurgie, l'automobile, l'aviation .....Mais jamais l'intelligence de l'homme !

Respect à nos anciens !

Merci, Denis, pour ce reportage et ces témoignages émouvants.
Comment ne pas être impressionné par les progrès techniques réalisés pendant les guerres et ce que les hommes en ont fait, pour le meilleur et pour le pire.

La voie sacrée, la départementale reliant Bar-le-Duc à Verdun, avait été réquisitionnée pour approvisionner le front en matériel, munitions, ravitaillement et troupes fraîches. Une noria de véhicules y circulait sept jours par semaine et 24 heures sur 24. Pour assurer une circulation fluide, des règlements durent donc être instaurés : vitesse limitée à 4 km/h pour les tracteurs de l’artillerie, 15 km/h pour les camions et 25 km/h pour les camionnettes. Seules les ambulances et les voitures de l’Etat major avaient le droit de doubler. Enfin, tout véhicule en panne devait être impitoyablement versé dans le fossé.


En savoir plus sur http://www.geo.fr/photos/reportages-geo/dix-choses-que-vous-ne-saviez-pas-sur-la-bataille-de-verdun-159713?bcsi-ac-95bb4efa6a1646c8=25D456230000030306JKkK%20w%2FvAm3rD3VqdtYTpMtlBvAAAAAwMAAA1wBgAIBwAACAAAAOQ%20AQA%3D#xtor=CS1-63#cSKLSQOYHaqrgqhw.99